Encore du Jacquard
Par Véro, 11 janvier 2008 à 17:13 - Boîte avant ou boîte arrière De vitesses, de lenteur - #190 - rss
Mercredi 9 janvier 2008 - Le regard d'Albert Jacquard - France Culture
L'effectif de l'humanité a connu au cours de la seconde moitié du 20è siècle un épisode de croissance qui n'avait aucun précédent. A peine plus de 2 milliards au sortir de la guerre mondiale qui avait impliqué tous les peuples, cet effectif a dépassé 6 milliards en l'an 2000. En un demi-siècle, il a été multiplié par trois,
cet effectif. Cela ne s'était jamais produit et ne pouvait évidemment se poursuivre sans entraîner des catastrophes. Le rythme de cette croissance a connu un pic au milieu des années 1970. Il correspondait à un doublement, en moins de 40 ans. Une telle évolution ne pouvait évidemment durer compte tenu des limites de l'espace dévolu aux hommes. On comprend bien que les démographes aient alors tiré la sonnette d'alarme et aient insisté sur le danger de la fameuse "bombe population". L'angoisse d'une fin de notre espèce provoquée par notre prolifération tout-à-fait incontrôlée, s'est alors très rapidement répandue dans un large public et cela a marqué durablement les esprits. La surpopulation fait partie des concepts qui sont très répandus. Comme il arrive souvent, les phantasmes provoqués par un phénomène aussi brutal ont la vie plus longue que l'évènement lui-même. Il importe donc de regarder la réalité actuelle telle qu'elle est réellement et non telle que l'imaginaient les prévisionnistes d'autrefois. Après être restés trop longtemps peu sensibles à l'évènement qui se préparait, les hommes et femmes chargés de prévoir risquent maintenant de surestimer les conséquences de cette augmentation. Or, les données du problème ont évolué plus rapidement qu'il n'était prévu. Elles ont évolué dans le sens d'un ralentissement de l'explosion, qui n'en a pas moins gardé son nom d'explosion. Cet infléchissement peut avec justesse être caractérisé par les projections calculées par les démographes en fonction des hypothèses les plus probables pour les années à venir. Ainsi, en 1990, alors que l'effectif global était estimé à 5,2 milliards d'hommes, ils annonçaient comme probable un total de 8.3 milliards en 2020, ce qui correspond à une augmentation de 1.5 % par année. Mais dans les plus récents documents, l'effectif déjà atteint est estimé à 6.5 milliards et les prévisions pour 2025 annoncent 8 milliards, soit un accroissement moyen annuel de 1%. Par conséquent l'accroissement annuel est tombé, en un demi-siècle, de 1.5% à 1%. L'écart entre les rythmes d'accroissement d'autrefois et ceux d'aujourd'hui peut sembler bien minimes, (1% au lieu de 1.5% par an) mais en fait, il aboutit à des différences importantes dès que la durée considérée s'accroît. Dans un demi siècle, et cela arrive vite, l'effectif serait de 11 milliards avec une progression de 1%. Il serait de 14 milliards avec 1.5%. Cet écart apparemment insignifiant sépare en fait deux perspectives, celle aux environs de 10 milliards d'humains qui reste dans le domaine du possible, sinon de l'acceptable, et celle qui se heurte aux incapacités de la terre ; elle est incapable de satisfaire nos besoins. La question est, les humains attendront-ils de rencontrer l'iceberg ou sauront-ils bifurquer volontairement ? Car nous allons tout droit, comme le Titanic, vers l'iceberg."
- Le regard d'Albert Jacquard - France Culture - du lundi au vendredi de 17 h 55 à 18 h 00 -
Note : Je ne recopierai pas les chroniques de Jacquard tous les jours .... Non mais des fois ....
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