encore du Jacquard
Par Véro, 12 janvier 2008 à 21:00 - Boîte avant ou boîte arrière De vitesses, de lenteur - #191 - rss
Jeudi 10 janvier 2008 - Le regard d'Albert Jacquard - France Culture
Nous avons vu qu'après une période d'un accroissement si rapide qu'il était devenu inquiétant , l'effectif de l'humanité évolue maintenant à un rythme beaucoup plus lent , mais l'opinion publique n'a guère pris en compte cette nouvelle réalité, et conserve l'image d'un tiers-monde abusivement prolifique. Un exemple en est donné par le cas des trois états du Maghreb, l'Afrique du Nord. lls
sont nos voisins, juste en face de la Méditerranée ... Jusqu'au milieu des années 1960, la fécondité des femmes en Tunisie, en Algérie et au Maroc était encore au niveau qui était celui des femmes françaises au 18è siècle, c'est-à-dire qu'en moyenne, elles avaient plus de sept enfants par femme. Ces pays sont alors entrés dans le processus souvent constaté que les démographes décrivent par le terme "transition démographique". Oui, une transition a eu lieu. La Tunisie a été la première à encourager officiellement la baisse de la fécondité. Le résultat a été spectaculaire. Dès 1995, donc au bout d'une trentaine d'années, son nombre moyen était inférieur à trois. A 3, au lieu de 7. En moins de 30 années, une tunisienne avait réalisé une transformation culturelle qui en France avait duré deux siècles. Cette évolution s'est poursuivie et dès à présent, le remplacement des générations n'est plus assuré en Tunisie. Le Maroc s'est engagé dans une politique semblable avec quelques années de décalage qui ont été rapidement compensées. Dans ce pays aussi, le nombre d'enfants par femme va prochainement tomber en dessous du niveau assurant le remplacement . Quant à la politique algérienne, après l'accès à l'indépendance, elle a été plus sinueuse. Dans un premier temps, la limitation des naissances a été refusée officiellement, en invoquant le mot d'ordre "La meilleure pilule, c'est le développement". Après quelques années, cette conviction a fait place à l'affirmation exactement inverse qui admet que l'accroissement de la population "est le principal frein au développement". Exactement le contraire. Aujourd'hui, l'Algérie a rejoint de ce point de vue le Maroc. Dans ces trois pays, le facteur principal de cette véritable révolution des moeurs a été le recul du mariage. Dans les années 1960, il était inférieur à 18 ans. Il est maintenant supérieur à 25 ans. L'évolution démographique a donc été accompagnée d'une convergence -en même temps qu'un début de rapprochement - vers la situation de leurs voisins du Nord, l'Espagne, la France, l'Italie Certes, il faudra encore quelques décennies avant que les données démographiques soient homogènes tout autour de la Méditerrannée, mais les principaux pas vers cette homogénéïté ont déjà été accomplis, notamment par le pays qui pèse le plus lourd dans les statistiques : la Turquie. Le nombre d'enfants par femme n'y est actuellement que de 2.2. Nous voyons que les problèmes politiques, - et Dieu sait qu'à propos de la Méditerrannée ils sont nombreux - les problèmes politiques nécessitent en rappel, le regard de démographes.
Le regard d'Albert Jacquard - France Culture - du lundi au vendredi de 17 h 55 à 18 h 00 -
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