Le Républicain Lorrain Mardi 21 octobre 2008
Extrait
(...) Venus des tribunaux de Metz, Thionville et Sarreguemines, soixante-dix magistrats du siège et du parquet attendaient effectivement la ministre, en début d'après-midi, au palais de justice . Mais à son arrivée, ils ont refusé de participer à la "réunion d'échange" prévue dans la salle de la cour d'assises. Figés dans le couloir, ils ont accueilli Mme Dati par un silence glacé , brandissant sur son passage des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : " JUSTICE BAFOUEE, DEMOCRATIE EN DANGER ". Talonnée par les journalistes auxquels on avait d'abord tenté de barrer l'accès au tribunal, la ministre a reculé devant cette haie "d'honneur", avant de laisser exploser sa colère : "on avait dit pas la presse ! " s'est-elle exclamée, fusillant d'un regard le préfet et les chefs de cour. La Garde des Sceaux s'est finalement engouffrée dans la salle d'audience, suivie de quelques membres de la hiérarchie judiciaire. Sept personnes, au total, ont participé à la rencontre, sur les 150 magistrats invités : le procureur général, l'avocat général, le secrétaire général et le premier président de la cour d'appel de Metz, les présidents et les procureurs de Metz, Thionville et Sarreguemines. Les juges, vice-procureurs et autres substituts de la "base", eux, sont restés devant la porte. A l'intérieur , Rachida Dati s'est à nouveau emportée, jugeant "indigne" que des magistrats puissent la boycotter de la sorte. (...)

Quelques commentaires du blaireau sur cet article de presse :

  • Merci au REPUBLICAIN LORRAIN, et à ses correspondants , qui se montrent exemplaires sur ce coup-là. Le reste de l'article donne la parole aux magistrats , qui décrient leurs conditions de travail les conduisant à faire "de l'abattage" , et le grignotage progressif de leur indépendance, outre le mépris que leur témoigne la GDS. Si l'on tient compte de la popularité de la profession (0,2% d'opinions positives selon Me EOLAS), cet article de presse était le seul moyen de leur donner la parole. Sans ça, personne n'aurait su que des représentants de la légalité signalaient "démocratie en danger".
  • Je voudrais mettre quelque chose en exergue. Cela pourrait être un article banal sur quelques personnes mécontentes de leurs conditions de travail. Ou une récupération politique ....Voire même pour le lecteur du Figaro, ou pour le justiciable insatisfait (il est légion) , une occasion de ricaner ou de gerber sur ces juges .... je vous passe les détails des noms d'oiseaux, vous pouvez y associer les fonctionnaires de justice et autres professions associées para-judiciaires ... Faut-il que je fasse une revue de détail ? Pour un juge caractériel, il se trouve dix magistrats consciencieux. Pour une quantité de magistrats antipathiques, mais fournissant néanmoins un travail sérieux, quelques assoiffés de pouvoir aux ordres de la hiérarchie...Cependant : tous ont une chose en commun ...profondément ancrée...(sauf exceptions appartenant à la catégorie des assoiffés) :-) devinez quoi ? l'obéissance et le respect de la loi ....La désobéissance des uns (le cheminot, tiens, par exemple) n'est pas la désobéissance des autres (le jeune parquetier - un monstre assoiffé de sang qui ne pense qu'au pouvoir, selon l'imagerie populaire, mais qui engage sa carrière sur ce coup-là - autre exemple) . Imaginez deux personnes qui sautent à l'eau. L'une sait nager, l'autre pas. Acte machinal pour la première , je stresse comme une malade et je rassemble tout mon courage, sueurs froides et noeud au ventre - pour la deuxième ... Vous voyez où je veux en venir ? Si ceux-là , si ces soixante-dix juges cités dans l'article et bien d'autres, alertent, mettez de côté vos a-priori contre cette profession, si vous en avez, et considérez leur message, à leur juste valeur. Ils savent de quoi ils parlent ...
  • Le 23 octobre 2008 : journée d'action " JUSTICE MORTE " . Le mouvement initié par les magistrats a été rejoint par les corps de fonctionnaires à l'appel des trois syndicats "politisés" de la profession (l'UNSA? politisé?). Pour ce que j'en sais, il sera inégalement suivi par les fonctionnaires, pour des raisons simplement alimentaires , n'en déplaise au pouvoir officiel, qui profite des chiffres très faibles des grévistes pour faire accroire qu'il n'y a pas d'opposition dans ce corps de métier.
  • Sachez une chose : au bout du compte, c'est pour vous qu'ils se battent, et qu'ils se mettent en danger. Cela ne semble pas évident, au premier regard. Aucun magistrat, ni syndicat de magistrat, ne s'engagerait à ce point pour un bénéfice personnel ou corporatiste ... N'oubliez pas, obéir et respecter, c'est leur "nature" .... Pensez-y : le manque de moyens des juges et des fonctionnaires, c'est vous qui le subissez , de votre divorce aux enquêtes financières ....


*** correction apportée le même jour, après avoir jeté un oeil sur le blogue, et trouvé l'article d'un CIP ...Vous ne savez pas ce que c'est qu'un CIP? un être humain au service de beaucoup d'autres :-)