- J'aime pas la pluie, qu'il dit, Stan, et à voir sa tête, je vois bien qu'il n'aime pas la pluie. Je sais. Il a dans ses oreilles des raisons électroniques de ne pas aimer la pluie.

- Tu devrais rentrer, qu'il insiste. Tu devrais pas rester là sous la pluie.

C'est vrai qu'il pleut fort. Mais pas froid. Moi ce que j'aime pas, c'est le vent et le froid. Seize degrés, pour un Lorrain, c'est déjà trop chaud. Le Lorrain transpire et s'étiole à quatorze. Je suis hors norme, moi qui revis à partir de vingt huit.

- Mais Stan, i fait pas froid, tu sais bien que je ne crains pas la pluie ....

Il a les yeux bleus, Stan, mais il me lance un putain de regard noir.

- J'étais dans le jardin, et il pleuvait, ce jour-là. La pluie, tu ne peux jamais savoir ce que ça t'amène comme saloperies. Elle vient de loin. Comme tu la vois, là, elle vient de l'Est. Tu te souviens, l'autre jour, quand j'ai raconté cette histoire au jeune, il ne savait pas de quoi je parlais. "Mais Stan, moi je suis né en 87, un an après Tchernobyl ..... "

C'est seulement là que j'ai compris. C'est curieux, d'ailleurs. Moi que les quadrillages d'avion ont tellement inquiété, tous les jours toute la journée, en juin et juillet. Moi qui sais tous les tours que nous joue l'eau d'ici. Moi qui crains tellement pour celle de Bure ....

- Bon d'accord, je rentre, que maugrée le blaireau. Mais tu sais bien que les merdes radioactives passent pas au-dessus de la France, c'est bien connu qu'on risque rien ici ...

Moralités :

1) Les femmes veulent souvent avoir le dernier mot
2) Stan a souvent raison
3) Les hommes ils sont bons qu'à faire de la poussière.
4) Autant en emporte le vent

Dédicace spéciale à turandot.