A une sécheresse de plusieurs mois avait succédé la famine. Mais tout le monde ne mourrait pas de faim pour autant : les riches avaient pris soin de faire d'amples réserves de blé, d'huile, de légumes secs et de viande séchée.
Khadidja dit alors à son mari :

- Nasr Eddin, toute la ville te tient pour un homme de poids. Ne reste pas les bras croisés ; va sur la place, rassemble tout le monde, et tente de convaincre les riches de donner à manger aux pauvres.
Nasr Eddin trouve pour une fois que sa femme a raison. Il fait comme elle dit, et, deux heures après, rentre, la mine réjouie.
- Ma femme, rendons grâce à Allah le Miséricordieux !
- Ah ! Tu as donc réussi ?
- Ce n'était pas une mission facile. A moitié.
- Comment cela, à moitié ?
- Oui : j'ai réussi à convaincre les pauvres.

Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja - Tout NASR EDDIN , ou presque -
Compil de Jean-Louis Maunoury - Ed. Phebus Libretto - p 41