Fin de l'histoire dont le début est là.

La vie est tétue.

Pas toujours, me souffle une immensément triste voix, que je me dépêche de baillonner.

La vie est généralement tétue, corrige-je, l'ami Stan aussi. Il veut absolument sauver ce bestiau. Réfléchit. Il ne lui est pas possible de dormir dans la « cage ». Les parents refusent tout net ce trop gros poussin. On va pas prendre un enfant du bon dieu pour un busard sauvage ... qu'ils lui disent dans leur langue bizarre. Guère possible non plus de camper sur place, vu le manque cruel de sanitaires. Mais il surveille du plus tôt au plus tard possibles. Angoisse tous les matins de retrouver la cage vide ou silencieuse. Une solution s'impose, gagner du temps. Faire passer l'acquis devant Linné. Non, l'inné. Normalement, l'oiseau qui a du duvet ne vole pas. Ils le disent dans les encyclopédies. Stan va le faire voler plus vite et plus tôt, ce busard duveteux.

- Véro, dis bien que c'était un cas de figure exceptionnel et qu'on ne doit jamais jamais s'approcher d'un nid ni toucher un oiseau sauvage ... insiste Stan. Voilà l'ami c'est fait. C'est dit.

Attrape l'oiseau. Lui fait battre des ailes. De la muscu en quelque sorte. Puis le sort du carré et l'emmène un peu loin. Le pousse à se démener. Autour d'eux deux le couple de busards surveille en piaillant. L'un des risques était que les parents rejettent le petit mais non, z'ont accepté l'odeur stanienne. (1) L'autre risque était que l'oiseau « s'apprivoise » trop. Non, le mot est trop fort . « S'habitue » trop à l'humain. Jamais bon pour les sauvages, de ne pas se méfier des bipèdes.

- Tu le dis bien, qu'il ne faut pas toucher les oiseaux, ni même s'approcher d'un nid, car la piste peut servir au renard ... qu'il serine !

- Oui Stan, je l'écris en toutes lettres. Plutôt deux fois qu'une. Simplement parce que beaucoup l'ignorent encore !

Suivent quelques jours de formation accélérée. L'oiseau est doué. Vole de mieux en mieux. Stan a du mal à le rattraper pour le remettre dans la carrée. Le moniteur ne doit pas être mauvais non plus, je crois. L'a kekchose du chaman, c't'homme là ! Chaque matin, l'angoisse de ne plus trouver personne au nid. Mais non, plus d'autour (du lac). Plus de milan (déjà).

Au bout d'un temps X, le petiot grandi s'est envolé avec ses parents à l'abri des arbres protecteurs, bien avant le grand vol migratoire.

Voici comment Stan, l'an passé, a sauvé l'oiseau qui le regarde .... Là.

(1) : Correction le 5 octobre 2009 : Stan dit que "non, les rapaces n'abandonnent pas leurs petits touchés par l'humain, contrairement aux quatre pattes. Par contre, le risque existe pour les oeufs."